Avec Wild Turkey, Campari clôt une grande campagne d’achats

10 Aprile 2009
«Pour Pâques, nous mangerons de la dinde». La plaisanterie de Bob Kunze-Concewitz, administrateur délégué de Campari, traduit sa satisfaction. L’achat de
Wild Turkey (dinde sauvage, en anglais) à Pernod Ricard, pour 575 millions de dollars, soit 433 millions d’euros, est le plus important de l’histoire du groupe. Il couronne une longue
campagne d’acquisitions – quatre rien qu’en 2008 – et va permettre au groupe milanais, sixième groupe mondial de spiritueux, de consolider sa présence aux Etats-Unis et en
Australie. Deux marchés dynamiques sur lesquels le groupe mise beaucoup.
Le bourbon Wild Turkey représente une marque renommée, qui connaît une croissance limitée mais régulière. Ce produit est particulièrement bien
diffusé dans la grande distribution. Un atout à un moment où les Américains redécouvrent le charme des soirées à la maison… En outre, la marque
a développé récemment une liqueur, American Honey, et des boissons prêtes à boire, un produit indispensable en Australie.
Des usines à plein régime
Cette acquisition, qui concerne aussi la distillerie originelle et une nouvelle, en construction, s’est effectuée sur la base de 12 fois l’excédent brut d’exploitation et devrait
être finalisée avant la fin de juin. Elle devrait, selon l’administrateur délégué, ajouter une centaine de millions de chiffre d’affaires par an et
générera des profits dès cette année. Elle sera aussi l’occasion de synergies, mais Campari n’a pas voulu les chiffrer. La société a l’intention de
continuer sa politique de distribution de dividende et pense désormais à digérer ses achats et à se désendetter. Sa dette nette représente aujourd’hui 3
fois le résultat brut d’exploitation, a souligné Bob Kunze-Concewitz, «un rapport assez confortable, qui nous permet de conserver notre note».
En tout cas, le groupe italien ne souffre pas de la récession en cours : toutes ses usines fonctionnent à plein régime, explique Bob Kunze-Concewitz. Campari se refuse
cependant à dévoiler des prévisions pour 2009, compte tenu de la conjoncture. L’an dernier, son chiffre d’affaires a progressé de 2,7 %, à 942,3 millions, pour
un résultat net de 126,5 millions ( 1,1 %). L’achat d’hier a séduit la Bourse de Milan, où le titre a progressé de 3,1 %.
Marie-Laure Cittanova