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Pékin enrôle les paysans contre la crise

Pékin enrôle les paysans contre la crise

By Redazione

 

Après une interminable période de focalisation olympique et en pleine crise financière mondiale, voici venu le temps de la grande rentrée politique en Chine.
Le 3e plénum du XVIIe congrès du Parti communiste qui s’ouvre jeudi va débattre jusqu’à dimanche des grandes orientations du pays dans les mois qui
viennent. Dans le secret, bien sûr, mais la direction chinoise a laissé entendre que la réunion des 204 membres du Comité central débouchera sur le
lancement d’une importante réforme du monde rural. Le défi est double. Il s’agit d’une part d’essayer d’apaiser les tensions extrêmes qui se traduisent par des
milliers d’émeutes chaque année dans les campagnes chinoises, avec souvent pour origine la colère de paysans illégalement dépossédés de
leurs terres par des cadres locaux tout puissants et corrompus. Il s’agit d’autre part de donner un coup de fouet au marché intérieur chinois, une nécessité
d’autant plus urgente que la crise financière mondiale risque fort de freiner les exportations chinoises desquelles dépend encore pour l’essentiel l’économie de la
Chine. En clair, il faudrait amener 750 millions de paysans à un niveau de vie qui leur permette d’acheter des réfrigérateurs, pour aider la classe moyenne
urbaine à faire grimper les courbes de la consommation intérieure.

Vaste programme, puisque le gouffre de développement entre les urbains et les ruraux n’a cessé de se creuser. Et l’affaire devient tout de suite très politique,
puisqu’elle fait buter sur la sempiternelle question de la propriété de la terre. En mars 2007, la première loi chinoise sur la propriété
privée a couvert le champ des biens immobiliers urbains, des revenus et des investissements. Mais elle s’est bien gardée de s’attaquer aux terres rurales, qui restent
propriété collective. Les paysans ne se voient reconnus qu’un «droit d’usage» de leur terre, qu’ils peuvent faire «circuler» c’est-à-dire
revendre ou échanger.

 

Faciliter la «circulation de la terre»

La réforme devrait essentiellement consister à faciliter la «circulation de la terre », pour permettre aux paysans de se constituer un vrai capital. «La
terre ne doit plus être le fardeau mais le capital du paysan, explique Hu Xingdou, du Beijing Institute of Technology, un expert écouté dans les cercles dirigeants,
il faut qu’il en devienne au moins “sous-propriétaire”, que ce capital donné en gage lui permette d’accéder aux emprunts comme les urbains. Et pour que
les banques jugent la garantie crédible, il faut que la durée du droit d’usage aujourd’hui fixé à 30 ans soit éternelle ou au moins allongée

Cette durée pourrait être portée à 70 ans. Le hukou, passeport intérieur qui interdit aux ruraux les avantages sociaux, scolaires et médicaux
consentis aux citadins, pourrait être aussi réformé. Et des sommes importantes investies pour enrayer la faillite des services publics dans les campagnes. Enfin, il
s’agit d’augmenter la productivité et la taille des exploitations.

«Tout cela va dans le bon sens, puisque les droits des paysans progressent et ceux des fonctionnaires diminuent un peu, mais cela reste timide, car le problème de la terre
touche au cœur même du système communiste , explique Li Zhiying, un militant des droits civils, si les paysans deviennent pleinement propriétaires, cela peut
menacer la domination du Parti dans les campagnes.» Politiquement comme financièrement, car la moitié des recettes des gouvernements locaux viennent de la revente
des terres à des entreprises ou des promoteurs. «Pour réussir, il faudra bien faire un jour une réforme plus radicale reconnaissant la propriété
privée de la terre, poursuit-il, en attendant, on se rapproche un peu plus d’une reconnaissance officieuse.» Sans afficher explicitement une notion taboue.

Arnaud de La Grange

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